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Abécédaire (de M à O)

M

… comme Méta, la série des Méta- Méta Malévitch, Méta-Kandinsky, Méta-Matics de Jean Tinguely. Des œuvres qui parodient l’abstraction et l’expressionnisme abstrait, rendant formellement hommage à Calder.

Roues, demi-cercles, formes colorées, les sculptures de Tinguely intègrent le mouvement mais critiquent également la machine, la société de consommation. Appartenant au mouvement du Nouveau Réalisme, cet artiste fabrique des œuvres qui produisent du son, peignent des toiles, explosent, fument, s’autodétruisent.

Avec Méta-Mécanique Automobile (1954), des plaques de métal découpées et peintes avec des couleurs vives, la sculpture aux allures de bricolages émet des sons de quincaillerie. L’œuvre, un véhicule, se meut dans l’espace en esquissant une danse hésitante et absurde. Réalisée à partir d’un petit moteur, la sculpture grince, ronfle, s’agite comme une vieille marionnette… et donne en spectacle un ensemble ludique où l’humour et la dérision l’emportent sur la rigidité de la géométrie.

 

N

… comme Nouveaux Réalistes. Groupe fondé en 1960 par Pierre Restany désignant treize artistes signataires d’un manifeste. Il s’agit de Arman, François Dufrêne, Raymond Hains, Yves Klein, Martial Raysse, Daniel Spoerri, Jean Tinguely, et Jacques Villeglé[1] .Ces derniers seront rejoints ensuite par César et Mimmo Rotella, puis en 1961 par Niki de Saint-Phalle et en 1962 par Christo et Gérard Deschamps. La production de ces artistes se caractérise par l’appropriation d’éléments urbains et industriels.

 

O

… comme Objets, ceux de Philippe Ramette. Cet artiste représentatif de la scène artistique française actuelle réalise des sculptures hybrides entre la prothèse et l’instrument de torture.

« Objet à se voir regarder (1990) appartient à la première série de pièces en bois vernis et laiton réalisées par Philippe Ramette entre 1989 et 1991. Ces « objets », selon la propre dénomination de l’artiste, acquièrent la totalité de leur sens dans leur éventuelle utilisation. Chaque mode d’emploi est annoncé par le titre de l’œuvre.

Objet à se voir regarder est présenté sous la forme d’un cercle de métal surmonté d’une tige à l’extrémité de laquelle un micro-miroir réfléchi l’image de son utilisateur potentiel. Ce dernier peut ainsi regarder le monde qui l’entoure sans faire abstraction de son propre regard. Parallèlement, le regardeur, coiffé de ce dispositif incongru, se retrouve regardé.

Modifiant la perception du monde, tout en restant directement en relation avec le corps qui les manipule, les sculptures-objets font office de prothèses pour l’esprit. Elles « sur-développent » les sens en faisant appel à l’intellect.

Le lien entre l’appareil et le corps est accentué par les photographies mettant en scène l’artiste. Le support photographique rend compte du bon fonctionnement de l’œuvre, mais n’exclut pas l’impact d’une utilisation virtuelle. Objet à se voir regarder se décline ainsi avec un pendant du même titre où Philippe Ramette apparaît en costume noir, tel un dandy, dans un paysage montagneux. Le regard vers l’horizon, il teste son invention dans des conditions optimales. (…) »[2].

A suivre…

Retrouvez l’Abécédaire de A à C, de D à F, de G à I, de J à L



[2] Lydia Scappini, « Philippe Ramette » in Collection 1989, 1999, Frac Provence-Alpes-Côte d’Azur, Actes Sud, 2000, p.277.

 

Catégorie: art contemporain
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