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samedi 14 février et jeudi 26 février à 14h30 lecture de l’exposition pour tous les publics

ABSTRACTION EXCENTRIQUE ET GEOMETRIE COMIQUE:

Œuvres des collections du FRAC-ARTOTHÈQUE

du Limousin

 

John M Armleder – Richard Artschwager – Jean-Marie Blanchet

Etienne Bossut – Alain Doret – Ernest T. – Sylvie Fleury

Bernard Frize – Wojciech Gilewicz – Jane Harris

Mathias Le Royer- Richard Marti- Vives – Richard Monnier

Olivier Mosset- Hugo Pernet – Frédéric Sanchez

Hugo Schüwer-Boss – Blair Thurman

 

Vernissage le vendredi 23 janvier 2015 à 18h

Exposition du 17 janvier au 8 mars 2015

Ouvert du mardi au samedi de 12h à 18h et le dimanche de 15h à 18h

 

L’exposition « Abstraction excentrique, géométrie comique » s’appuie sur une série de trois expositions qui eurent lieu au FRAC Limousin entre 2007 et 2010. Ces trois expositions exploraient l’évolution de la peinture abstraite géométrique en Europe et aux Etats-Unis depuis les années 1950 et mirent en évidence le rôle clef de deux artistes très présents dans nos collections, Olivier Mosset et John M. Armleder, dans cet épiphénomène apparu sur la scène de l’art au milieu des années 80, le « Néo-Géo », c’est-à-dire une abstraction devenue image, au second degré.

Comme je l’écrivais en mai 2010, «il semble qu’à partir des années soixante, un irrémédiable basculement s’opère par le biais du Pop Art et de l’Art Minimal où le tableau est converti en objet et l’image en motif. » On connait maintenant la source des fameux « Brushstrokes » (1964/65) que Roy Lichtenstein trouva dans une bande dessinée et qu’il simplifia avant de les agrandir au format publicitaire, et on trouve dans la démarche hybride d’un Richard Artschwager (1921-2010) une sorte d’impossible synthèse entre Pop et Minimal.

Ainsi, les œuvres de certains artistes nés dans les années 40 opèrent à partir de la « perte d’aura » de la reproduction de l’œuvre d’art pour y injecter des propositions ironiques (le tableau assorti au canapé d’Armleder, ou encore les « peintures nulles » d’Ernest T.) et tenter de se les réapproprier. Il semble que la génération des plus jeunes artistes présentés dans l’exposition cherche (et trouve) l’abstraction dans ses dérivés les plus triviaux et les plus banalisés.

L’exposition comprend quatre sections de tableaux et de reliefs ainsi que quelques sculptures mobilières.

Dans la grande salle, le mur perpendiculaire à la rue accueille un ensemble de peintures de différents formats sous une lumière partiellement rasante qui met en évidence les qualités picturales et chromatiques de chacune d’elles. Ainsi, l’ellipse en camaïeu de noir de Jane Harris varie de consistance selon la position du regardeur, tout comme le rythme des lignes roses et blanches d’Armleder/Fleury semble s’accélérer. Le grand tableau de Mosset ressemble à un signal. À l’arrière-plan, la « nature morte » de Bernard Frize paraît translucide et flottante lorsqu’il mélange huile et résine sur la toile.

Les murs parallèles à la rue présentent un ensemble de reliefs, d’œuvres qui sont à la frontière de la troisième dimension et qui intègrent parfois des objets. La « Nature Morte » d’Etienne Bossut est une composition de formes moulées en plastique teinté dans la masse, comme une photographie en trois dimensions. La Forme en 3 dimensions (« F3D ») n°7 d’Alain Doret est un bloc de couleur pourpre dont la présence héraldique nous fait hésiter entre outil et langage. Le relief de Jean-Marie Blanchet agence subtilement des matériaux liés à la peinture et à l’ameublement, tout comme Armleder et ses trois rouleaux de moquette qu’on peut envisager comme des monochromes (pour le sol) en puissance.

Ces œuvres sont comme prolongées dans l’espace par quelques sculptures. Imitation d’une caisse de transport pour sculpture (Artschwager), mise en scène deux bas de lits de style Louis XV sur un socle de couleur (Armleder), double image d’emballages de carton et de peinture signalétique (Le Royer), voire simple tas de « peintures nulles » pour Ernest T., ces œuvres ont l’échelle du meuble et les proportions d’un fragment de réel domestiqué, mis à l’intérieur. Les petits tableaux du polonais Gilewicz ne montrent pas autre chose lorsqu’on voit l’artiste en vidéo venir les rechercher à l’intérieur du réel où il les avait cachés.

Au verso du plus grand mur, un ensemble de douze tableaux de formats et de couleurs différents, « Salon des refusés » (2008-2010) de Frédéric Sanchez, habite ce long couloir. En imitant avec malice des tableaux emballés, le jeune peintre joue de l’ambiguïté entre signes très concrets et images symboliques dans un court-circuit presque littéral : les motifs de scotch sur tableaux monochromes sont réalisés avec la technique du scotch à peindre.

La dernière salle à laquelle mène ce couloir présente un ensemble d’œuvres en noir et blanc.

Autour d’une œuvre vidéo de Jean-Marie Blanchet, « Adhésif sur mur », qui spécule sur la fragilité du système de construction néo-plastique, cette salle réunit des œuvres d’Olivier Mosset, Hugo Pernet (qui rejoue certaines œuvres de Mosset en négatif), et Hugo Schüwer-Boss. Sous l’éclairage artificiel de la lumière électrique et électronique, les tableaux présentés affirment le doute (Blanchet), le désoeuvrement (Mosset), la négativité (Pernet) et la relation à la photographie (Schüwer-Boss).

Dans un livre-somme sur le sujet sorti début 2010, « Painting Abstraction : New Elements in Abstract Painting », le critique d’art américain Bob Nickas dresse un panorama très complet et argumenté sur la situation actuelle de l’abstraction. L’ouvrage éprouve la diversité des recherches contemporaines sur le sujet à travers six catégories. Au chapitre 4 intitulé « abstraction excentrique/trouvée », on trouve John Armleder, et au suivant, « forme, espace et échelle », Olivier Mosset.

Notre proposition, plus temporaire et exploratoire que celle définitive du livre, se situe à mi-chemin entre ces deux catégories et les prolongent vers le vaste territoire de l’humour.

Yannick Miloux, décembre 2014

 

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