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Abécédaire (de J à L)

J

… comme Joconde, celle qui est dans les escaliers. Utilisant un petit mot à l’instar de ceux que peuvent laisser les gardiennes d’immeubles sur la porte de leur loge lorsqu’elles s’absentent, Robert Filliou, fait endosser à la Joconde le rôle d’une concierge.

Un seau, un balai, une serpillère et une pancarte où il est écrit : La Joconde est dans les escaliers. Avec cette pièce réalisée en 1969, Filliou, trublion de l’art contemporain, détourne le très célèbre tableau de Léonard de Vinci, comme l’avait fait Marcel Duchamp en 1919 avec L.H.O.O.Q.

Là où Duchamp intervient sur l’œuvre à l’aide de graffiti, Filliou fait complètement disparaître la reproduction de la Joconde. Utilisant l’humour, il désacralise un chef-d’œuvre en mettant en scène une absence.

 

K

… comme Kelley. Artiste américain représentatif de la scène artistique de Los Angeles est décédé prématurément l’année dernière. La première rétrospective française consacrée à son œuvre est actuellement présentée au Centre Pompidou[1] : un travail dérangeant, énigmatique, déroutant.

Dessins d’ordures, parodies sexuelles, mise en scène d’objets, Mike Kelley utilise un ensemble hétéroclite de média comme le dessin, la peinture, la sculpture, l’installation, la performance mais aussi la photographie, la vidéo et le son pour mettre en scène un univers où l’irrévérence et l’humour noir se côtoient.

S’inspirant à la fois de la culture savante et populaire il réalise une œuvre où le spectateur se retrouve souvent dans la posture du voyeur. De cette confrontation, de cette impossibilité d’avoir une prise sur ce qui est regardé, nait un sentiment de malaise.

L’art de Mike Kelley c’est aussi celui d’une représentation de la dégradation, d’une remise en question de l’art, du sexe, de la morale, du goût, de la politique.

 

L

… comme Lieu, celui de l’œuvre. Présent dans les ateliers d’artistes, dans les galeries, chez les collectionneurs privés, dans les musées, l’art est aussi dans l’espace public et même en pleine nature.

Ce déplacement, en dehors du cadre conventionnel de l’exposition, est celui du  Land Art : mouvement fin des années soixante dans lequel l’utilisation ou la transformation du paysage est le support de l’œuvre.

L’un des initiateurs de ce mouvement est Robert Smithson, connu pour sa très célèbre Spiral Jetty, une spirale de 450 mètres de diamètres placée sur quatre hectares du Grand Lac salé de l’Ouest américain loué pour l’occasion.

Certains artistes du Land Art utilisent les matériaux des sites qu’ils occupent comme Robert Smithson ou Richard Long, d’autres ajoutent des éléments étrangers aux lieux (ex Christo, Walter de Maria).

Le choix de sites spectaculaires est déterminant dans le travail de Robert Smithson ou Walter de Maria, il contribue à l’effet de surprise recherché. Pour le couple Christo[2] la démarche est différente, ils introduisent un élément singulier dans un univers familier, ils ne font que souligner des éléments connus.

Avec le Land Art, le spectateur pose un autre regard sur la réalité qui l’entoure.

 

A suivre…

Retrouvez l’Abécédaire de A à C, de D à F, de G à I

 



[1] Mike Kelley, jusqu’au 5 août 2013 au Centre Pompidou.

[2] Voir la lettre E dans l’Abécédaire de D à F du 11 juillet 2013

Catégorie: art contemporain
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